Attention ! Ce qui suit n’est absolument pas une attaque contre les chrétiens en général, ou une assemblée en particulier, qui sont nos frères : Dans toutes les écoles de pensée, il y a des gens qui ont une attitude positive, souvent la majorité, et une minorité intolérante, violente, hypocrite. Autant nous avons une sympathie fraternelle sincère pour les premiers, autant sentons-nous notre devoir de dénoncer les méfaits et turpitudes des seconds. Mais nous ne sommes l’ennemi de personne !
Aux premiers, dont beaucoup ignorent même notre existence actuelle à cause de l’intolérance et de la violence des seconds, nous tenons à faire connaître ces propos du Sage Augustin d’Hippone (IVème siècle), plus connu sous le nom de saint Augustin, docteur de l’Eglise :
« Ce que l’on appelle aujourd’hui la religion chrétienne existait parmi les Anciens et ne faisait pas défaut à l’aube de l’humanité. Lorsque le Christ s’est incarné, la vraie religion, déjà en existence, a reçu le nom de chrétienne. »
Pour sur, il y a plus de 2000 ans, on ne pouvait parler de ce Grand Être, ni de son mythe ou de son enseignement d’amour, de tolérance et de compassion, contenu dans les Evangiles.
Mais croyez-vous crédible que, pendant les 6, peut être même 8 millions d’années d’existence (et non 6000 ans de la Bible !) que la Science (Cf Yves Coppens) reconnaît aujourd’hui à l’Homme, il n’y ait eu vraiment aucune vie spirituelle sur cette planète, et qu’il ne puisse y en avoir en dehors des dogmes arbitraires que ces imposteurs souvent aussi ignorants que sectaires veulent universellement imposer ? N’est-ce pas la diversité dans l’expression de notre attachement au Divin qui fait la richesse du genre Humain, plutôt que sa standardisation réductrice et appauvrissante ?
Nous, Druides Sacerdotaux, avons toujours eu un enseignement spirituel ayant globalement les mêmes buts que celui contenu dans les Evangiles, bien avant leurs écritures (les plus vieux datant de la fin du premier siècle de l’ère vulgaire, faussement appelée ère chrétienne.) Nous avons été persécutés par les seconds de toutes obédiences, tout comme beaucoup de paisibles chrétiens le furent par ces mêmes imposteurs pervers, dont nos dénonçons quelques-uns uns des crimes les plus notoires dans ce qui suit. Nous nous sommes volontairement limités aux exactions commises en Europe Occidentale, plus particulièrement en Gaules, qui plus tard s’appelleront la France (au XIème Siècle seulement). Respectueux des droits naturels des autres, nous sommes aussi fermement attachés à la réciproque. Nous proclamons :
Gloire au Divin sur cette Terre !
Paix aux Hommes de Bonne Volonté et de Bonne Foi !
Certains s’émeuvent du risque de voir la France, ou même l’Europe, redevenir païennes.
Risque ou plutôt chance ?
Qui étaient, qui sont les persécuteurs ? qui étaient, qui sont les victimes de leurs persécutions : les défenseurs intolérants de la pensée unique (la leur érigée en dogme), ou les tenants respectueux du droit à la différence, et de toute identité ?
Lisez donc ce qui suit avant toute réponse irréfléchie…
« Le paganisme celtique gît encore puissant et profond sous les apports fugitifs du christianisme et de la civilisation, comme la mer profonde sous les allées et venues des marées. »
William Sharp.
Il ne faudra guère qu'un demi-siècle d'occupation du sol gaulois pour que, arrivés dans les fourgons des armées de César, les marchands, colporteurs, trafiquants grecs et levantins installent sur les terres celtiques ravagées par une guerre d'usure, avec la camelote exotique, les rites et les dieux des plus lointains rivages méditerranéens.
Parmi les nombreux cultes orientaux : phrygien, égyptien, syriaque ou judaïque importés à cette occasion dans l'Empire comme en Gaule, et se disputant les modes du snobisme de l'époque, le Mithraïsme jouissait d'une faveur particulière auprès des légions romaines qui en avaient adopté les mystères, lorsque ses chefs militaires régnaient dans l'Ouest de la Perse. Au contact de ces phalanges guerrières, Mithra, dieu suprême du soleil, dieu de l'amour et de l'amitié, se transformera rapidement en un dieu de la puissance militaire et en frère de la soldatesque romaine.
Le christianisme n'était alors qu'une de ces nombreuses religions rivales qui sévissaient à Rome, comme en Gaule, et qui dans sa lutte d'influence, n'aura d'autre choix que de propager sa doctrine démagogique auprès des esclaves et de s'opposer, parfois avec violence, contre la faction adverse, en profanant et saccageant ses temples placés sous protection impériale.
Dès le début du second siècle, on trouvera ainsi deux courants d'idées parfaitement antagonistes et étrangers remontant ensemble la grande pénétrante de la vallée du Rhône. L'un soutenu par l'autorité de l'Empire et de ses capitaines, l'autre animé par son prosélytisme et son fanatisme farouche. Ces deux idéologies demeurant par ailleurs toutes aussi aveugles et indifférentes quant au sort et aux valeurs religieuses des populations autochtones, subjuguées à la fois par la puissance des armes et par la vague tumultueuse des doctrines philosophiques concurrentielles.
A l'époque du règne de Marc Aurèle, le culte et les mystères de la Perse antique seront bel et bien installés dans I'édifice culturel et politique des Romains, ainsi que dans les principales cités de la Gaule. Dans le même temps, les sectateurs du Christ, regroupant leurs adeptes, commenceront à former dans la "Provincia Romana" de petites communautés ayant à leur tête des chefs religieux.
Ces « chrétiens », en quasi-totalité étrangers, Orientaux et Grecs, essaimeront progressivement en Gaule celtique, et à l'orée du IIIe siècle la nouvelle religion aura établi ses tête de pont à Dijon, Autun, Langres et Besançon. D'abord combattu par le pouvoir en place pour refus de vénérer l'empereur comme représentant de la divinité - ce que faisait de bonne grâce (entre autres) le culte mithraïque, le christianisme fut accusé de ne pas reconnaître les lois de l'Empire, de jeter le trouble dans l'esprit des citoyens par ses idées subversives touchant aux classes sociales, puis de profanation des sanctuaires de la religion d'état; la puissance romaine se sentant menacée dans son autorité, pourchassera et persécutera comme on le sait, les tenants de la doctrine chrétienne. Brusquement au IVe siècle, le vent tourne en faveur de la nouvelle mystique, largement aidée par la conversion inopinée et quelque peu opportune de Constantin 1er le Grand (1).
En 313, l'édit de Milan marquera la reconnaissance quasi officielle du christianisme comme religion de l'Empire. Dès lors, encouragées par les faveurs du pouvoir, les troupes de choc de la nouvelle foi s'attaqueront avec un zèle redoublé, après la conversion des villes, à l'évangélisation de campagnes qui n'avaient guère été jusqu'alors entamées par la grâce exotique, les cultes étrangers ne débordant guère des cités ou du voisinage immédiat des camps et retranchements romains, à l'abri desquels se disputaient les intérêts et les dominations politiques et commerciales.
C'est Martin, ex-officier de cavalerie romaine, formé dans les légions mobiles de Pannonie (actuelle Hongrie), dont il était originaire (Naît à Sabaria vers 316, meurt en 397), puis initié à l'apostolat en Orient et élevé à l'épiscopat des Turones, qui entreprendra une véritable guerre sainte pour extirper du fin fond des campagnes, avec l'esprit de résistance et de fronde permanente qui y couvait, l'ombre encore menaçante d'un druidisme réfugié à l'abri des halliers, soutenu par la dévotion constante et fidèle des populations rurales.
Partout où passera le légionnaire Martin, les temples païens seront détruits, leurs revenus confisqués, les haches et le feu détruisant la sylve protectrice pour atteindre les « idoles » que la ferveur populaire des hommes y cachait.
Le petit peuple des campagnes subira les harangues fanatiques du Romain, dont la mission "divine" consistera, de gré ou de force, à soustraire des cœurs fidèles et des têtes bornées des "pagani" (paysans), les "superstitions impies » et la foi périmée des ancêtres.
De subversifs jadis, les rebelles à la loi, deviendront légalistes et n'auront de cesse à leur tour de mutiler un peuple dans ses croyances, puis dans sa langue, allant à le dépouiller du nom même de sa patrie.
Dès 314, le concile d'Arles marquait l'étroite collusion qui s'établissait entre le pouvoir civil de l'Empire et l'église chrétienne - "L'Etat romain prêtera à l'Eglise ses cadres administratifs - chaque cité devient le siège d'un évêque et chaque capitale de cité, le lieu de rassemblement de principe des fidèles. Bien plus, les métropoles où résident les gouverneurs verront leur évêque exercer une prééminence sur les évêques des autres cités de la province.
D'autre part, les évêques jouissent de privilèges fiscaux ; leurs décisions sont sans cesse confirmées par l'empereur qui veille à leur exécution" (2).
1 - Flavius Valerius Aurelius Constantinus, dit encore "Constantin le Grand", né à Naissus en Mésie vers 280, mort à Ancyrona en 337. Malgré sa prétendue « conversion » en 312 et les préceptes lénifiants de la nouvelle foi, c'est sous le monogramme du christ, qu'au Pont Milvius, Constantin s'offrira la peau de son rival Maxence !
2 Thévenot, Les Gallo-Romains (P. U. 1948 p. 120).
2/Les persécutions contre les "païens"
en Gaules.
A la veille des grandes invasions et de l'effondrement de l'Empire Romain, la seule véritable bénéficiaire, maîtresse spirituelle et temporelle du terrain, est incontestablement l'Eglise. Par une fortune singulière, les empereurs du VIe siècle, en exaltant l'école et l'Eglise, ont préparé les forces morales qui survivront à la disparition de l'autorité romaine. Partout bien organisée, l'Eglise est prête à assurer la relève de l'état défaillant et la sauvegarde de la civilisation latine (3). Forte de cette prépotence, la nouvelle foi s'entendra au cours des siècles suivants à peaufiner son triomphe, n'ayant rien oublié des principes et méthodes de ses ascendants spirituels, nés dans les déserts du Sinaï ou sous les dattiers et palmiers de Judée:
« Vous détruirez de fond en comble tous les lieux où les nations étrangères servent leurs dieux, nations que vous aurez réduites à merci : leurs dieux sur toutes les montagnes élevées, au sommet des collines et sous tout arbre vert vous démolirez leurs autels : vous BRISEREZ LEURS MENHIRS et leurs COLONNES DE BOIS CONSACREES; vous les consumerez par le feu, et les statues de leurs dieux vous les casserez et vous exterminerez leur nom de cet endroit là » (Deutéronome, chap. XII).
Les Francs installés, l'évêque Grégoire de Tours(3) claironne la victoire définitive du christianisme sur les derniers païens. Ce triomphe était-il aussi bien acquis et aussi complet que l'imagine l'historien des Francs ? Qu'était-ce donc que cette litanie continuellement modulée au cours des siècles et composée d'injonctions, de remontrances, d'incitations aux vandalismes, aux extorsions, de fulminations et d'interdictions sanctionnées par des peines les plus diverses dont l'excommunication (qui rejetait l'individu visé hors de la société), n'était pas la moindre
Nul doute qu'une sourde résistance ne fut pas étrangère aux Gaulois et à leurs successeurs directs. Il paraît nécessaire d'insister sur ce point. L'on va trop souvent affirmant que la conquête romaine, puis la conversion à une foi et à un dieu allogènes, furent acceptées avec enthousiasme et comme des bienfaits.
Pure vue de l'esprit, les nombreuses insurrections contre l'autorité civile et le pouvoir religieux, qui sont accidentellement rapportées, le sont toujours par des narrateurs partiaux et étrangers. Aucun écrivain romain ne nous a dit ce que pensait le peuple gaulois au cours des siècles de domination qui suivirent la Conquête : Pareillement, les quelques lueurs que nous percevons de la résistance morale et spirituelle du paganisme gaulois, ne se révèlent que dans la lecture "entre les lignes", des textes latins, rédigés par ceux-là mêmes qui étaient chargés d'en supprimer les effets.
3) Grégoire (mort en 539 env.), naquit à Clermont-Ferrand en Auvergne, le 30 novembre 538 (ou 539). Il appartenait à la vieille noblesse gallo-romaine, mais sa famille ne dédaignait pas de servir les rois barbares. Son père mourut jeune. Grégoire fut élevé par sa mère, qui s’était installée près de Cavaillon, puis par son oncle l’évêque de Clermont, Gall (mort en 551), enfin par l’archidiacre Avit. De santé fragile, Grégoire attribua à des saints plusieurs guérisons qu’il estimait miraculeuses ; Ordonné diacre, il fut envoyé à la basilique Saint-Julien, à Brioude. Il y résidait quand il fut élevé à l’évêché de Tours durant l’été 573, certainement grâce au roi d’Austrasie, Sigebert 1er (561-575), et à la reine Brunehaut. Son épiscopat fut constamment troublé par les querelles des princes mérovingiens. Il s’opposa fréquemment au roi de Neustrie, Chilpéric dont il décrivit avec un humour féroce les essais malheureux en fait de théologie, de versification ou de création de lettres supplémentaires de l’alphabet. Le roi de Bourgogne, Gontran (581-592), gagna l’estime de l’évêque, qui ne vit sans doute pas que l’habileté politique de Gontran n’était pas toujours honnête. Ses relations avec le roi d’Austrasie, Childebert II (591-602), furent assez paisibles. Grégoire mourut à Tours, probablement le 17 novembre 594. Plus tard, on le vénéra comme saint à Tours et à Clermont.
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314 è.v
Reconnue par l'Empereur Constantin au lendemain de la victoire du Pont Milvius (312), l'Eglise ouvre son premier concile officiel à Arles en août 314, celui-ci marquera un tournant important dans son histoire, car il constitue le premier reniement d'un principe évangélique (« tu ne tueras point ») et le premier pas, par son officialisation, vers l'alliance du spirituel avec le pouvoir temporel (militaire et politique); désormais, les chrétiens pourront porter les armes et ceux qui se refuseront au service militaire seront excommuniés (Lot, p.56, Hatt, p.287).
324 Dès avant 324, les sacrifices domestiques sont interdits. Après 330, il est interdit aux fonctionnaires de sacrifier aux dieux dans les cérémonies officielles, et ils doivent s'abstenir de toute participation publique aux cultes païens (Lot, p.39).
355 Un décret impérial du 1er décembre 355, de Constantin, ordonne la fermeture des temples et punit de mort les manifestations du culte païen (Hatt, p.299 ; Walter, p.28).
Saint Martin n'est donc qu'un collaborateur bénévole de la nouvelle police des cultes instituée par l'Etat romain (Walter, page 28).
380 En 380, Théodose 1er (379-395) renouvelle l'interdiction de sacrifier des victimes animales; vers 382, Gratien (367-383) confisque les revenus des temples et des prêtres païens, et en 392, toute pratique païenne, quelle qu'elle soit, est interdite (Lot, page 45).
410 L'aristocratie païenne fait servir, aux fins de sa propagande, l'habitude très ancienne d'offrir en cadeau, le jour de l'An, de vieilles pièces de monnaie (« contorniates"), notamment en 356-359 et en 395-410, ces pièces représentent des empereurs païens restés populaires, ou Alexandre le Grand, le conquérant victorieux, par dérision contre le faible empereur chrétien. On en trouve jusqu'à Anthémius (467-472), représentant l'empereur régnant avec des allusions politiques (Lot, p.509).
Néanmoins, on estime que, vers la fin du IVe siècle, la population des villes est entièrement convertie au christianisme (Thévenot p. 120).
418 En 418, un édit d'Honorius (395-423), contresigné par les évêques de Rennes et de Nantes, ordonne de détruire les emblèmes païens et, en 435, un décret de Valentinien III (425-455) réitère l'ordre d'abattre les temples païens (Walter, p. 30).
452 Le concile d'Arles en 452 (canon 23) déclare coupable de sacrilège (donc passible au moins d’excommunication) l'évêque qui tolère, dans son diocèse, l'allumage des flambeaux et la vénération des pierres, des arbres et des fontaines (Niel, p. 18).
506 Le concile d'Agde en 506 et le 1er concile d'Orléans en 511 interdisent de consulter les pythonisses (Long, p.110).
515 Vers 515-520, saint Césaire (470-543), évêque d'Arles, fulmine dans un sermon (N° 129), contre les coutumes du jour de l'An : («... les uns ne revêtent que la peau d'un animal, d'autres en prennent la tête, d'autres se déguisent en femmes... ") et contre les pratiques de la fête des Morts du 22 février (« ... ils portent des mets et du vin sur les tombeaux des défunts... ») (Walter, p.32 ; Lelong, p.81).
516 Entre 516 et 537, saint Vigor, évêque de Bayeux, demande la protection du bras séculier pour faire interdire le culte païen qui était célébré par le seigneur du lieu sur le Mont-Phaunus (Saint-Vigor-le-Grand, Calvados), brise les idoles et s'empare du territoire.
520 Vers 520-525, aux environs de Cologne, subsistait un temple ayant conservé les statues de ses dieux auxquels les habitants continuaient à offrir des libations ; saint Gall (486-557) l'incendia (Walter, p. 30).
524 En 524, le concile d'Arles condamne les rites observés lors des éclipses de lune, lors des fêtes de Jupiter et ou jour de l'An.
533 En 533, le deuxième concile d'Orléans stigmatise ceux qui retournent au culte des Idoles, et mangent la chair des animaux sacrifiés aux dieux (Walter, p.31 ; Lelong, p. 203).
541 En 541, le quatrième concile d'Orléans réitère cette interdiction ainsi que celle des serments par les dieux, prêtés sur des têtes d'animaux (Lelong, p. 203). Vers la même époque, saint Poterne (mort en 560) assiste à une cérémonie célébrée au temple païen de Chaussey, et renverse les chaudrons où bouillaient les entrailles des animaux sacrifiés.
554 En 554, le roi Childebert fer (511-558) renouvelle l'ordre de détruire les idoles et les mégalithes (Walter, p. 3 1).
567 En 567, le deuxième concile de Tours ordonne de chasser de l'Eglise ceux qui honorent certaines pierres, arbres et fontaines en des lieux sauvages et cachés au fond des bois. Il interdit les fêtes du jour de l'An (auxquelles il substitue un jeûne solennel et la fête de la Circoncision !), demande aux prêtres de ne point manquer de corriger par censure ecclésiastique (Excommunication) ceux qui, retenant encore des restes de paganisme, offriront des viandes4 aux morts, ou mangeront la chair de ces animaux offerts en sacrifice ou encore feront des cérémonies inconnues de l'église auprès des lieux païens (Niel, p. 78 ; Lelong pp. 79, 81, 104 et 203).
4) attention! A cette époque viandes désigne toute nourriture, pas forcément carnée
573 Devant la résistance des cultes antiques, Grégoire le Grand, Pape et Préfet de Rome, recommande au clergé : « Retrancher tout à la fois dans ces esprits incultes est une entreprise impossible. Gardez-vous de détruire les temples : détruisez seulement les idoles, remplacez-les par des répliques ».(5)
5) Ceci permettait de récupérer les lieux pour en faire des sanctuaires chrétiens à bon marché. A noter que cela laissait intacts les sanctuaires druidiques traditionnels, qui n’ont jamais eu d’idoles
578 En 578, le concile d'Auxerre réitère l'interdiction de se déguiser en vaches et en cerfs (6) à l'occasion des fêtes du jour de l'An, d'allumer des cierges devant les fontaines, les arbres et les pierres, de consulter les devins, et de se livrer à la divination avec du bois ou du pain (Walter, p. 33 Lelong, pp. 81, 181, 190 et 203).
6) La vache est une référence à Bovinda et le cerf à Kernnunos. N’empèche qu’il est toujours possible de voir le symbole de Kernnunos dans la coupole au dessus du grand autel de N-D du Puy en Velay
580 Vers 575-580, dans le pagus CABALITANUS (I'actuel Gévaudan), entre Margeride et Aubrac, se réunissait annuellement, aux bords d'un lac, une foule de paysans qui durant trois jours faisaient libations et offraient eux divinités de ce lac des sacrifices en y jetant, pans d'étoffes, toisons de laine, fromages, gâteaux de cire et pains. Tout au long de ces journées se déroulaient fêtes et orgies que venaient interrompre les orages. Grégoire de Tours affirme qu'après maintes remontrances, un « saint » prêtre mit fin à cette superstition.
Etrangement, on notera en 1872 (!), aux abords du lac de Saint Andéol, la pratique annuelle de rites et d'offrandes strictement identiques à celles décrites par Grégoire de Tours, avec toutefois pour les offrandes l'adjonction de pièces de monnaie.
581 En 581, le synode d'Auxerre interdit aux laïcs de danser dans les églises, d'y faire chanter des jeunes filles et d'y donner des festins.
585 En 585, le concile de Mâcon punit des verges ceux qui persistent à chômer le jeudi. (jour de Jupiter et de Taranis)
590 Vers 590, saint Walfroid détruit une statue colossale de Diane (=Arduenna ?) à Yvois (= Carigan, Meuse) (Lot, p. 451).
597 En 597, le pape Grégoire le Grand (590-604) prescrit à la reine Brunehaut d'interdire à ses sujets d'immoler des animaux, d'adorer les arbres et d'exposer les têtes des animaux sacrifiés (Walter, p.31) ; mais vis-à-vis de l'empereur, l'attitude du pape est déférente, voire même très humble. Les flatteries que Grégoire le Grand prodigue à la bête brute que fut l'empereur byzantin Phocas (602-610), centurion usurpateur, passent la mesure (Lot, p.346).
600 Trente Trois ans après le deuxième concile de Tours (cf. 567), l'évêque de cette même ville constate, le 7ème jour de juillet 600, "qu'il y avait encore dons son diocèse et les diocèses voisins, un grand nombre de païens attachés au culte impie de leurs fausses divinités, entre autres dans le pays qui est au midi de la Loire... et ce qu'il trouva le plus difficile fut de faire observer le 22e canon (interdiction d'offrir des viandes aux morts), surtout en de certains villages où les païens avaient embrassé le christianisme, retenant néanmoins beaucoup de superstitions du paganisme.
611 Saint Valery (562-622), évêque de Rouen en 611, fait abattre un arbre énorme que les paysans de la vallée de la Bresle adoraient.
626 Le concile de Clichy, en 626, renouvelle les Interdictions du deuxième concile d'Orléans, de 533 (Walter, p.31).
639 Saint Amand (584-679), évêque de Worms en 626, constate que, dons son diocèse, les temples païens sont toujours fréquentés, et obtient du roi Dagobert 1er (626-639) une ordonnance rendant le baptême de tous les enfants obligatoire (Walter, P.30).
640 Saint Omer, évêque de Thérouanne mort en 670, trouve des temples païens intacts lors de son arrivée dans son diocèse (Klaiter, p. 30).
Un sermon de saint Eloi (588-659), évêque de Noyon et Tournai en 641, est fort intéressant, car il récapitule, en les stigmatisant, les pratiques païennes en usage de son temps (milieu du VIIe siècle); nous le résumerons car il est fait allusion à certains rites connus des traditions britannique et gaélique : Interdiction d'observer les augures et les éternuements, d'écouter le chant des oiseaux, de célébrer le jour de l'An, de prolonger les festins pendant la nuit et d'y boire avec excès ; interdiction de faire passer les troupeaux par un arbre creux ou un fossé creusé dans la terre (1er mai ?), de chômer le jeudi pendant le mois de mai; interdiction de faire des feux de joie et de s'asseoir en chantant, d'observer les solstices, d'y chômer, d'y danser et d'y chanter ; interdiction d'appeler « Seigneurs » c'est-à-dire dieux, le Soleil et la Lune, et de jurer par ces luminaires; d'allumer des flambeaux dans les carrefours et d'y faire des vœux, de visiter les pierres, les sources et les arbres consacrés aux dieux; interdiction de suspendre des amulettes au cou des hommes et des animaux, de l'ambre au cou des femmes; interdiction aux femmes d'invoquer Minerve (= Belisama ?) avant de travailler la toile; interdiction de pousser des clameurs lorsque la lune s'obscurcit, et d'éviter d'entreprendre un travail à la nouvelle lune, ainsi que « de se livrer aux danses tournantes ou sautantes, à des caroles ou à des chants diaboliques. »
650 Le concile de Chalon en 650 réitère l'interdiction des chœurs de femmes dans les églises.
658 Le deuxième concile de Nantes en 658, ordonne de creuser des fosses profondes afin d'y enfouir les pierres païennes de sorte que leurs adorateurs ne puissent les retrouver.
698 Le concile de Rouen en 698 dénonce ceux qui font des vœux devant les pierres et leur offrent des cierges (Niel, p. 18).
Les spécialistes estiment que, pratiquement, à la fin du VlI siècle, il ne subsiste plus en Gaule de culte païen organisé (Lot, p.452).
742 Néanmoins, un capitulaire de Carloman(7) en 742 renouvelle l'interdiction des pratiques païennes, et Charlemagne, à son tour, vitupérera « les insensés » qui allument des flambeaux et pratiquent toutes sortes de superstitions auprès des arbres et des Fontaines, dans un capitulaire promulgué le 23 mars 789 (Niel, p. 18).
6) CARLOMAN (715-754) Fils aîné de Charles Martel et de Rotrude, Carloman a été élevé, comme son frère Pépin, à Saint-Denis. À la mort de son père, en 741, il reçut la mairie du palais d’Austrasie, tandis que son frère Pépin reçut celle de Neustrie. Dès le début de leur règne, les deux princes durent faire face à différents problèmes : soulèvement de leur demi-frère Grifon, bâtard de Charles Martel, soulèvement du duc alaman, du duc bavarois, du duc d’Aquitaine. Ils réussirent à reprendre en main la situation et crurent bon de rompre avec la politique de leur père qui gouvernait seul depuis 737. Carloman et Pépin estimèrent prudent de rétablir un roi mérovingien sur le trône. Ils allèrent chercher à Saint-Bertin un descendant de la famille mérovingienne et l’établirent sur le trône en 743. En fait, Childéric III n’était qu’un fantôme de roi, comme il le dit lui-même dans un diplôme : «Childéric, roi des Francs, à l’éminent Carloman, maire du palais, qui nous a établi sur le trône». Il entretint d’excellents rapports avec l’Église, promulguant un diplôme en faveur de l’abbaye de Stavelot en 744 et autorisant les compagnons de Wynfrid (saint Boniface) à s’installer à Fulda. Il demanda à Boniface de l’aider à réformer l’Église franque en réunissant un concile. Cette assemblée, qui se tint en 743, prit d’importantes mesures : interdiction aux clercs de combattre et de vivre comme les laïcs, rétablissement de la hiérarchie, lutte contre les pratiques païennes... Carloman promulgua un capitulaire pour imposer ces décisions. Peu après, une autre assemblée, réunie à Hestinnes, ou Leptinnes, dans le Hainaut, poursuivit l’œuvre réformatrice. Pépin imita son frère lors du concile de Soissons. Pour renforcer l’autorité de Boniface, Carloman voulut lui donner l’évêché de Cologne. Mais, devant l’hostilité d’une grande partie du clergé, il y renonça et installa Boniface comme métropolitain de la province de Mayence (745).
Carloman se sentit alors appelé à la vie religieuse. Il abandonna à son frère Pépin la mairie d’Austrasie et partit pour Rome. Le pape Zacharie lui confia l’abbaye du Mont-Soracte. Puis il chercha plus de solitude en s’installant au Mont-Cassin. Mais son rôle politique n’était pas terminé. Le roi lombard Astolf, menacé par Pépin, demanda en effet à Carloman d’intervenir pour empêcher l’expédition franque. Carloman échoua et Pépin jugea préférable de l’installer dans un monastère à Vienne, près de Lyon, où il mourut peu après. Son fils Drogon a peut-être tenté de s’opposer à son oncle Pépin, mais a été rapidement écarté.
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769 Un autre capitulaire daté d'Aix-la-Chapelle, ordonne: « Que celui qui, suffisamment averti, ne fera disparaître de son champ les simulacres qui y sont dressés, soit traité comme sacrilège et déclaré anathème ».
792 La dîme, qui était à l'origine une participation facultative des fidèles aux frais du culte, devient obligatoire par les capitulaires de 779 et de 792. L'église romaine, associée au pouvoir politique depuis 314, va ainsi devenir une puissance économique et financière considérable (Welter, p. 57).
Et pourtant, les archéologues retrouveront des liards de Louis XIII près des mégalithes (Niel, p. 61) et les folkloristes du IXXe et du début du XXe siècle observeront des coutumes attestées, et condamnées, douze siècles plus tôt.
Rappelons pour terminer les paroles qu'un païen anonyme adressait près de Noyon à saint Eloi :
« Romain que tu es, bien que tu nous rabâches toujours les mêmes choses, jamais tu ne pourras abolir nos coutumes. Nous célébrerons nos cérémonies, comme nous l'avons fait jusqu'ici et il n'y a personne au monde qui puisse nous interdire nos divertissements antiques, qui nous sont si chers. » (Welter, p. 32).
Texte original de S.S. CATARNOS /I\. (IALON)
Ne sont pas évoqués ici les odieux massacres de l’Inquisition, bras armé de l’Eglise romaine.
Plus tardifs, ils firent, avec les autres formes d’intolérance dogmatique
rien qu’en un siècle et en Europe plus de 10 millions de morts,
victimes « hérétiques » comme « païennes »,
Qui est coupable : celui qui meure sur le bûcher ou le boutefeu ?
Si aujourd’hui certains demandent pardon pour de si horribles forfaits,
quelles propositions concrètes font-ils pour en réparer les funestes effets ?
Cette condition n’est-elle pas inéluctable pour prouver leur sincérité ?
Notons que le mot « païen » provient aussi bien du latin « paganus » que du gaulois « paganos » qui signifient tous deux « paysan », autrement dit « appartenant au pays ». (Pagus en latin, pagos en gaulois).
Qui n’appartient à aucun pays ?
Jules TOUTAIN : Les cultes païens dans l'Empire romain, III : les cultes de la Gaule romaine (1917).
Emile THEVENOT : Les Gallo-Romains (1948).
Emile MALE : La Fin du paganisme en Gaule et Les premières basiliques chrétiennes, (1950).
Ferdinand LOT : La Fin du monde antique et les débuts du moyen âge (1951).
J.J. HATT : Histoire de la Gaule romaine (1959).
Fernand NIEL : Dolmens et menhirs (1961).
Gérard WALTER : Histoire des paysans de France (1963).
Charles LELONG : La Vie quotidienne en Gaule à l'époque mérovingienne (1963).
A consulter absolument l’excellent numéro (35 ff/5.3 € )hors série n° 6 de :
2300 ans de persécutions
Editions du Nemeton
Case 18 * 138. avenue de Paris 94300 Vincennes France
Site internet http://www.chez.com/lugh/ltc.t-htm E-mail: mailto:q.regnier@cybercable.fr
le texte de S.S Catarnos /I\ a été corrigé et remis en page par S.S.T.V /I\ Lo Skiant.
Les notes à partir du numéro 6 proviennent de l’Encyclopédie Universalis
Que nous vous invitons gracieusement à consulter dans maints domaines